Axior écrivain romancier Présentation - Biographie - Citations Principales œuvres - Extérieur pluie - Rondier Sites littéraires - Sites d'amis Echanges - Impressions - Livre d'or Salon de discussion - Vous pouvez annoncer votre présence dans le forum Jeux d'esprit divers (Mots croisés - Quiz - Parchemin crypté) contact@axior.fr

 

Second passage chez Compierre

Extrait 3 :

20 Octobre, 1h 55, arrivée chez Compierre

"J’ai connu des cons, j’ai connu des cons …"

"Chariot – Buron … chariot - Buron …
— Oui, Buron j’écoute.
— Je rentre chez Compierre.
— Bien reçu."
Bien que quelques nuages reviennent obscurcir le ciel, ma visibilité est meilleure que tout à l'heure et je gare la voiture sans peine. Je vérifie rapidement tout mon matériel puis je sors libérer Sultan. A ma grande surprise, il reste dans son coffre.
" Allez, viens, Sultan, viens !"
Sultan reste assis à me regarder d'un air dolent. Décidément, cette nuit il a des réactions imprévues. Je lui mets sa laisse et le tire délicatement mais fermement vers l'extérieur. Il finit par obéir. Faisant bien attention d'utiliser le bon mouchard, je vais tourner ma première clef, accompagné du chien, bien au pied et même pratiquement collé à ma jambe. A l'instant où j'ouvre le portillon, il recule puis s'assied. Quelque chose à l'air de l'effrayer ; pourtant tout est calme. Je m'accroupis à côté de lui et lui fais quelques caresses.
"Qu'est-ce qui t'arrive, mon chien ? Allez, viens. C’est la bête de tout à l’heure qui t’effraie ? Elle est loin maintenant."
Je me relève et me dirige vers le monticule, à l’endroit où tout à l’heure nous avons surpris l’animal mystérieux. Sultan me suit. Ce n’est apparemment pas ça qui lui provoque cette frayeur. Je déplace du pied quelques cartons. Le chien s’approche, renifle un peu l’herbe humide puis se couche contre la clôture. Tandis que j’essaie de le relever en tirant un peu sur sa laisse, il se met à haleter comme s'il venait de courir. Il finit par me suivre, mais toujours collé à ma jambe.
Nous aurions voulu le faire exprès, nous n'y serions pas arrivés : le mouchard du Cantales est exactement à l'heure où je m'apprêtais à entrer dans les ateliers quand mon bip s'est déclenché. Malgré cela je décide d'aller visiter les locaux administratifs en premier. A présent tous les bureaux sont éteints, aussi je vais vérifier tout de suite si les portes sont bien fermées.
J’ai retiré la laisse à Sultan mais plutôt que d’aller courir, comme à son habitude, il me suit au millimètre. Le hall d’entrée est resté ouvert mais ça ne m’étonne qu’à moitié. Cette porte vitrée est assez difficile à bloquer : la serrure se trouve en bas ; il faut la positionner à un endroit bien précis et effectuer les tours de clef tout en exerçant une légère pression vers le haut. C’est un coup à prendre, et l’employée a dû renoncer. Ce que je constate ensuite, au moment où je pose le bon d’intervention sur le comptoir, est beaucoup plus inquiétant : le billet que j’ai déposé tout à l’heure a changé. C’est bien mon écriture, avec ma couleur de stylo, et ma signature, mais la correction que je suis pourtant sûr d’avoir apportée a disparu :

"19 Octobre - 22h 45 - RAS - M. Angevin".

Je regarde à plusieurs fois, mais je ne décèle aucune trace d’effacement. J’ai beau faire des efforts de mémoire, je me revois très bien en train de rayer le « RAS » et inscrire le nom de cette dame. Comment c’était déjà ? Un nom à consonance bretonne, un nom en « ac », ou plutôt en « ec » … je ne me souviens plus. Je vais passer à son bureau, j’y trouverai peut-être un document où ce sera inscrit et ça me reviendra.
J’ai le pressentiment que je ne suis pas rendu au bout de mes surprises, aussi je revérifie bien au passage la porte du secrétariat de direction et celle du local syndical. Jusque là tout est normal. Pressé par le temps je n’ouvre pas les autres bureaux pour y jeter un œil, comme ma ronde me l’impose, mais je me dirige directement vers celui de l’employée. Au fur et à mesure que je m’en approche, j’aperçois de la lumière en bas de la porte, comme si la pièce était éclairée. Pourtant, vus de l’extérieur, tous les bureaux avaient l’air éteints. Sultan ne me suit plus, il s’est arrêté à l’entrée du couloir. Je retourne vers lui, lui remet sa laisse, puis nous sortons des locaux. Je voudrais revoir les fenêtres. Apparemment elles sont bien toutes éteintes. Je m’approche de celles qui correspondent à ce fameux bureau, mais je ne remarque rien d’anormal, aucun store n’est tiré, et aucune source de lumière, même venant de l’extérieur, ne peut expliquer la vision que je viens d’avoir. J’entre à nouveau et m’engage dans le couloir, tenant toujours Sultan en laisse, mais cette fois il n’oppose aucune résistance à me suivre. Le rayon de lumière a disparu.
Je me dis que j’aurais mieux fait de frapper à cette porte, quelqu’un était à l’intérieur et m’aurait répondu. Comme il n’y a qu’une seule entrée à ce bâtiment, cette personne est obligatoirement passée dans un des autres bureaux. J’arpente le couloir jusqu’à la clef de contrôle, en regardant sous toutes les ouvertures mais aucune lumière n’apparaît. En pointant, je prends conscience que j’ai les deux mouchards en bandoulière. Ceci accentue mon sentiment de malaise : si je dois croiser un employé il vaut mieux qu’il ne voit pas ça, et c’est bien ce qui aurait pu arriver. Je cache comme je peux le second appareil sous mon blouson et appelle :
« Il y a quelqu’un ? »
Le son de ma voix est fortement atténué par une double crainte : celle de troubler le silence pesant qui m’entoure, et aussi un peu celle d’obtenir une réponse. J’attends quelques seconde sans bouger, mais rien ne se passe. Je reprends mon souffle, décidé cette fois à parler haut et fort :
« Ho ! Il y a quelqu’un ? »
C’est déjà mieux, mon appel résonne dans mes oreilles un moment, mais reste sans effet. La fatigue m'a sans doute joué des tours et j'ai simplement cru voir de la lumière. Pourtant ça me paraissait bien réel. Je décide de vérifier toutes les salles par acquis de conscience, mais si un intrus s'était introduit ici, il n'aurait probablement pas risqué de signaler sa présence à l'extérieur en allumant dans la pièce où il se trouvait. Je redouble néanmoins de vigilance quand il s'agit d'aller chercher le nom de l'employée. C'est de là que la lumière semblait venir. Sur le sol, à l'emplacement où la dame était assise, il y a un morceau d'étoffe et une paire de chaussures, et sur la table, aucun document qui puisse me renseigner sur le nom qu'elle m'a donné. Avant d'éteindre la pièce, je referme la porte et l'examine à partir du couloir. Pas de doute, c'est bien ce que j'ai vu tout à l'heure. Je termine mon inspection peu rassuré.

(Angevin va être témoin d'autres évènements surnaturels qui vont lui glacer le sang. Il comprendra que cette Madame Maradec n'est autre que la Camarde (la mort), dont elle a utilisé l'anagramme. Pourquoi s'est-elle manifestée cette nuit ? A-t-elle un message à lui transmettre ?)


Retour menu Haut de page